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8 décembre 2022 / Temps de lecture : 3 minutes

Galerie Porte B. x Vincent Marcq x Studio Artera

Né en 1991, Vincent Marcq est un photographe français qui vit et travaille à Paris. Après des études aux Beaux-Arts de Valenciennes, il intègre l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles dont il sort diplômé en 2016. Son travail est présenté lors des Rencontres de la Photographie d’Arles dans le cadre d’« une attention particulière » accordée à trois étudiants. Il est également remarqué par la galerie Agnès B. qui l’expose à Paris et obtient le prix du public Roederer lors du Festival Planche(s) Contact de Deauville. Sélectionné pour le programme Création en Cours en 2020, il entre en résidence à la Villa Médicis pour six mois avant de revenir en France. 

Vincent Marcq, God's House, 2022

Poignantes et sensibles, souvent teintées d’humour, les photographies de Vincent Marcq abordent la relation particulière entre l’individu et son habitat. Elles interrogent le rapport entre la construction de soi, la fabrication de l’intime et l’élaboration de l’espace urbain. Originaire du nord de la France, Vincent Marcq a grandi dans une petite commune près de Lille dont le paysage s’est radicalement transformé avec la construction massive de logements standardisés. Profondément marqué par ce phénomène, il en questionne les répercussions sociales. Si l’on considère en effet l’habitat comme l’un des principaux moteurs de notre développement personnel, qu’implique alors cette uniformisation de notre environnement ? Dans la série justement intitulée Standard, il photographie des façades de maisons dont le modèle s’inspire directement de celui des « gated communities » aux Etats-Unis. Ces images de logements standardisés qui s’apparentent à des maquettes isolées et vidées de toute trace d’habitation, évoquent la déconstruction du tissu social et la perte de notre individualité. 

Avec son projet “The Miracle of Älhmult”, il poursuit cette réflexion en montrant l’ambivalence de notre comportement vis-à-vis de cette utopie de transformation de l’habitat intime à bas prix. Il met en scène et photographie une ville imaginaire, sorte d’« Ikea city » dans laquelle chaque maison, chaque objet, chaque habitant, devient un instrument de promotion de la marque. En découle une réflexion sur notre capacité réelle à habiter le monde, voire à s’habiter soi-même.

Vincent Marcq, Outside #1, 2016

Les multiples facettes du réel 

Pour l’exposition “No Man’s Land” à la galerie Porte B., Vincent Marcq présente un ensemble de photographies tirées de trois séries successives. Dans la première intitulée Outside, deux caissons lumineux accueillent des visions saugrenues d’espaces publics réaménagés en espaces privés. Une piscine vide transformée en salle à manger, un casino en chambre à coucher, viennent bouleverser le sens de notre intimité à travers la lentille du photographe. Dans Ville 2.0, les maquettes et les tours d’immeubles auréolées de messages publicitaires semblent mêler fiction et réalité. Intitulées “Life’s Good”, “No escap” ou encore ”Lovotel”, ces images semblent prôner l’invasion d’un monde bétonné et déshumanisé. Ce à quoi pourrait répondre ironiquement la photographie Happy Life dans laquelle on voit une guirlande en ballons suspendue à une fenêtre en PVC entre deux bouts de murs en béton. 

De quoi remettre en question notre aptitude à rêver un autre monde.

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